La cancérologie est un domaine qui devrait occuper une place centrale dans la médecine vétérinaire moderne. En effet, elle représente l’une des premières causes de décès chez les animaux de compagnie, tout comme chez l’Homme.
« Au-delà de la simple prestation de soins, la cancérologie vétérinaire représente un axe fort de développement » – Docteur Vétérinaire Franck Crouzet, Clinique vétérinaire de l’Alliance.
Dans cet article, le Docteur Franck Crouzet revient sur la place de la cancérologie en médecine vétérinaire, en insistant sur les avancées, les défis et les solutions qui contribuent à une meilleure prise en charge de ces pathologies.
« Ma passion pour la cancérologie m’a amené à lui faire une place privilégiée dans mon exercice quotidien de généraliste. J’ai toujours été intrigué par les mécanismes microscopiques sous-jacents aux maladies et toujours cherché à comprendre ce qui se passe à l’échelle cellulaire. La cancérologie est en cela un modèle passionnant.
Sorti de l’école d’Alfort en 1996 j’ai, dès le début de mon exercice professionnel, choisi de poser mes valises à Bordeaux, où j’ai rejoint la clinique vétérinaire Alliance créée trois ans plus tôt. J’ai donc eu la chance de suivre de près son développement, jusqu’à ce qu’elle devienne un établissement de référence dans la région.
Pour approfondir mes connaissances dans les domaines qui m’intéressaient, j’ai d’abord passé le CES d’hématologie et investi du temps dans des stages de perfectionnement en cancérologie, notamment à MicenVet et à l’Institut Bergonié de Bordeaux. J’ai aussi commencé à participer à tous les congrès portant sur ce thème, notamment les congrès de l’ESVONC. Et puis mon désir de me perfectionner m’a conduit à entreprendre des formations diplômantes destinées aux médecins mais ouvertes aux vétérinaires. J’ai donc passé un DU de cancérologie clinique dispensé par l’Institut Gustave Roussy, où j’ai appris les grands principes de la prise en charge des patients atteints de cancer, puis un DU de radiobiologie en radiothérapie. C’est cette dernière formation qui m’a permis de lancer l’activité de curiethérapie qui est une modalité de la radiothérapie.
J’ai aujourd’hui l’envie de m’engager dans les projets de développement de Fovéa, notamment en apportant mon expertise sur certains cas de cancérologie vétérinaire par le biais de la télémédecine. »
Dans un monde où le rapport à l’animal au sein des familles a considérablement évolué, nos compagnons à quatre pattes occupent une place privilégiée en tant que membres à part entière de nos foyers. Le bien-être de nos animaux est devenu une priorité, et leur santé est une préoccupation majeure. Il est donc naturel que la cancérologie vétérinaire prenne de l’ampleur pour répondre à cette nouvelle dynamique. Malheureusement, les cancers chez les animaux ne sont pas toujours suffisamment pris en charge, que ce soit par méconnaissance de la maladie, de ses symptômes ou par manque de moyens, de lieux où offrir les traitements appropriés. Je promeus la cancérologie vétérinaire comme un service à développer dans toutes les cliniques. Même en situation palliative les propriétaires sont en attente d’un accompagnement spécifique et nous pouvons leur proposer quelque chose.
Les animaux de compagnie peuvent être touchés par un très grand nombre de cancers. Leur diversité est équivalente à celle que l’on observe en médecine humaine.
Parmi les cancers les plus fréquemment diagnostiqués, on retrouve les lymphomes, très répandus chez les carnivores domestiques, les mastocytomes chez le chien, les sarcomes, les carcinomes épidermoïdes chez le chat, mais aussi les carcinomes mammaires dans ces deux espèces, les tumeurs buccales et digestives…
Touscescancers nécessitent idéalement une approche individualisée notamment pour leur traitement. C’est cette diversité de situation qui me plaît. Chaque cas est unique. C’est aussi pour cette raison que nous organisons des réunions pluridisciplinaires. Notre objectif : proposer au propriétaire une prise en charge optimale, sur-mesure, mais avec plusieurs alternatives. Et après un exposé détaillé des avantages et inconvénients de chacune des options. Il est essentiel pour nous que le propriétaire soit partie prenante de la décision finale.
S’agissant de l’approche pluridisciplinaire, je dirais qu’elle est fondamentale pour progresser. Et passionnante. C’est un véritable travail d’équipe grâce auquel nous partageons régulièrement nos connaissances et nos compétences. J’apprécie vraiment cette approche collaborative que je juge essentielle.
En pratique nous nous réunissons toutes les semaines. Il y a toujours au moins un interniste qui apporte son expertise pour le diagnostic et l’accompagnement médical, un imager pour évoquer les résultats et les limites des bilans d’extension, un chirurgien, un vétérinaire oncologue. En théorie cela pourrait suffire mais en pratique je constate que la réunion attire d’autres praticiens… parce que ce sont des moments extrêmement formateurs.
Pas tous mais un grand nombre d’entre eux. Le cancer chez l’animal est comme chez l’homme souvent lié à l’âge et, environ un animal sur trois est atteint d’un cancer à un moment ou un autre au cours de son existence. C’est pourquoi la cancérologie vétérinaire revêt une importance capitale, elle est une formidable opportunité de développement dans toutes nos cliniques !
Le traitement des cancers chez les animaux de compagnie repose sur un ensemble d’outils similaires à ceux utilisés en médecine humaine.
La chirurgie joue un rôle central dans la prise en charge des cancers, car elle permet d’emblée de retirer la partie visible de la maladie. C’est souvent la clé de voute de nos prises en charge, la première étape, celle au cours de laquelle la plus grande partie du pronostic va se jouer.
La chimiothérapie est parfois le traitement exclusif de certains cancers. On pense bien sûr aux lymphomes, mais elle est aussi utilisée pour obtenir une diminution du volume tumoral avant une éventuelle chirurgie ou pour diminuer le risque de récidive après, ou encore pour ralentir la progression de la maladie en situation palliative.
Enfin, la radiothérapie, bien que moins disponible sur le territoire, reste un outil complémentaire très intéressant. Elle est parfois même considérée comme la thérapeutique la plus performante, comme dans le cas des carcinomes épidermoïdes de la truffe du chat que nous traitons à Alliance par curiethérapie.
Le marché de la cancérologie vétérinaire est limité en grande partie du fait des limites financières des propriétaires, qui peuvent ne pas avoir le budget suffisant pour prendre en charge leur animal. Les budgets sont parfois très conséquents. Il faut être prêt à moduler son offre de soins.
La cancérologie vétérinaire peut également rencontrer des freins d’ordre organisationnel, notamment en ce qui concerne le fait de laisser l’animal à la clinique pour les chimiothérapies. Ceci impose aux propriétaires de nombreux allers-retours et ces contraintes logistiques sont parfois très difficiles pour eux.
Enfin, des freins d’ordre éthique s’expriment aussi, car certains propriétaires considèrent le traitement du cancer chez un animal de compagnie comme étant « aberrant ». Il est important de prendre en compte ces préoccupations et de dialoguer avec les propriétaires pour les rassurer et les informer sur les avantages et les options de traitement disponibles pour leurs animaux.
Quel que soit le cancer dont est atteint l’animal, il est avant tout important de rappeler que notre priorité absolue pour leur animal est son confort. C’est un point sur lequel j’insiste beaucoup.
Par exemple concernant la chimiothérapie, nous expliquons toujours que la première séance de traitement permet d’évaluer les réactions de leur animal et que si celui-ci fait partie des 20% qui présentent des effets secondaires, des ajustements seront effectués (on va diminuer les posologies ou associer à la chimio des anti nauséeux ou changer de molécule… ) et l’on s’engage à abandonner le traitement si des effets indésirables trop lourds surviennent. Cela rassure les propriétaires et montre notre engagement envers le bien-être de leur animal.
Les premières consultations prennent beaucoup de temps. Il faut expliquer clairement les avantages et limites du bilan d’extension, les options thérapeutiques, la nature et la probabilité de survenue des effets secondaires, les pronostics en fournissant les statistiques les plus récentes quand elles existent.
Il faut être objectif, honnête, vulgariser nos données. La communication est vraiment essentielle pour une pathologie qui nécessite des prises en charge aussi complexe et qui fait peur.
En conclusion, la cancérologie vétérinaire est un domaine en constante évolution, visant à offrir les meilleurs soins aux animaux de compagnie confrontés au cancer. Les vétérinaires comme le Docteur Vétérinaire Franck Crouzet travaillent sans relâche pour diagnostiquer, traiter et accompagner les animaux atteints, en mettant l’accent sur le confort de l’animal et en communiquant ouvertement avec les propriétaires. Malgré les nombreux freins que l’on peut rencontrer, la cancérologie vétérinaire continue de progresser, offrant ainsi un espoir pour les animaux de compagnie, qui sont de plus en plus considérés comme des membres à part entière de nos familles.
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